Pour comprendre la structuration du marché de l’hébergement des seniors, il convient de revenir dans les années soixante-dix. Trois révolutions ont alors lieu.
Trois révolutions de l’hébergement des seniors
La première concerne la loi du 30 juin 1975 qui crée le secteur du médico-social et considère que l’hébergement des personnes âgées ne se fera plus dans un cadre hospitalier. Les maisons de retraite sont alors créées.
La seconde révolution a lieu entre 1999 et 2001 avec la décision de tarifer tous les établissements de manière identique, qu’ils soient publics ou privés. Ce tarif est composé de trois composants : hébergement, dépendance et soin. En complément, tous les EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes) devront signer une convention tripartite comportant de nombreux objectifs de qualité. Cette tarification a fait disparaitre les établissements de petite taille au profit des résidences de plus de 70 lits qui permettent de mutualiser les dépenses de soins. Ce modèle, parfois critiqué, s’est exporté à travers toute l’Europe. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les plus grands groupes d’exploitation d’EHPAD sont tous français. La concentration des acteurs privés a eu de nombreux effets positifs. Mais rappelons qu’ils ne représentent que 22 % des lits commerciaux en France, 50 % sont publics et les 28 % restants sont associatifs. Cette concentration des grands groupes privés a sensiblement augmenté la qualité des hébergements et des services proposés au sein des établissements. Ce phénomène a aussi provoqué une standardisation « vers le haut » des EHPAD. Nous arrivons aujourd’hui à la fin d’un cycle de modernisation de nos EHPAD.
La troisième révolution est devant nous. Elle consistera à repenser le modèle de l’EHPAD de 2030 pour les baby-boomers.
Le vieillissement est déjà en marche. La population des 75-84 ans a stagné entre 2010 et 2020 mais va exploser de plus de 45 % entre 2020 et 2030. Sur cette même décennie les 84 ans et plus vont se stabiliser. Cette tendance s’inversera à partir de 2030 avec l’explosion des 84 ans et plus et la stagnation des personnes de 75-84 ans. 2030 sera en conséquence le début de la grande dépendance ! La question se pose de la création de nouveaux EHPAD à l’horizon 2030. C’est donc maintenant que les Pouvoirs Publics doivent s’interroger sur l’hébergement des seniors et de l’adaptation des logements au vieillissement.
Une nouvelle génération de seniors
La nouvelle génération de seniors va se poser la question de son propre vieillissement. On observe déjà une mobilité géographique des seniors vers les centres-villes. De plus en plus de seniors envisagent cette « mobilité de logement » en quittant leur maison en périphérie des villes pour se rapprocher des commerces et services. Pourquoi ? Le profil type d’une personne âgée en résidence seniors est une femme veuve de 80 ans. Cette personne, à la mobilité réduite et n’ayant dans la plupart des cas plus de voiture pour se déplacer, vit dans un rayon géographique de 300 à 400 mètres autour de son habitation. La résidence seniors doit répondre en premier lieu au maintien du lien social, c’est-à-dire au besoin de rompre l’isolement par la proximité des commerces et des services.
Dans les prochaines années, il n’y aura pas un mais plusieurs modèles de résidences seniors prenant en compte la diversité des territoires et des populations. La résidence seniors telle que nous la connaissons continuera d’exister mais une forte volonté politique tend à développer l’habitat inclusif. Il s’agit là de pavillons – hébergeant environ 8 personnes – implantés dans des bourgs de communes de moins de 2 000 habitants. On commence également à voir des concepts d’hébergements pour seniors accolés à des EHPAD. Cet éventail de solutions permettra de répondre à des besoins multiples avec des niveaux de prix très différents.
En conclusion, et pour appréhender le marché des seniors de demain, il faut étudier la sociologie des personnes âgées, la démographie et son évolution au fil des années, ainsi que l’évolution des territoires. L’enjeu : offrir une réponse sur-mesure aux besoins des seniors de demain, qu’ils soient autonomes ou dépendants.
Cet article vous est proposé par Luc Broussy, président de France Silver Eco
Article issu d’un webinaire organisé par Consultim Groupe le 11/03/21 sur « l’Hébergement des seniors ».